* U.T.M.B. *



22 au 26 août 2016

170km 10.000m Dénivelé +
.C'est quoi l'UTMB !??
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"...Ce week end aura été dense aussi bien à Chamonix, que sur la région colmarienne pour notre club…
Nous tenons à saluer respectueusement et vigoureusement, tous nos D’ranneurs qui ont participé à l'OCC et à l’UTMB en portant d’une façon ou d’une autre nos couleurs.
Certains se sont arrêtés en cours de route, au vu des conditions météo extrêmement éprouvantes et dommageables pour la santé en pareilles circonstances. La déception et la rage sont immenses dans les cœurs et dans les esprits, car ce projet représentait bon nombre de sacrifices et d’heures d’entrainements. Nous sommes en ce moment par la pensée, par un message, par un appel, à leurs côtés.
C’est aussi cela et surtout l’état d’esprit D’ranner, on partage tous les moments ensemble. ..."    Pascal 
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Dimanche 7 août
Préparation et entraînement 
sont à leur maximum ....
Le retrait des dossards
Ils en ont rêvé,
et auront tenté cette incroyable aventure...
Les conditions caniculaires auront été très difficiles.
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DÉPART CHAMONIX : VENDREDI 26/08 À 18:00
BOHN Jean-Marc - 1690 - V2 H
GREIGERT David - 1255 - SE H
MENTZER Patrick - 2261 - V1 H
SCHILLINGER Laurent - 1150 - V2 H
VOLTZ Franck - 1355 - V1 H

Jean-Marc et David
Bravo  et félicitations 
à nos deux vaillants "D'ranner" finishers de l'UTMB 2016 
en 45h 17'
" Le plus beau trail,
c'est celui qu'on a pas encore fait
mais dont on rêve le soir en s'endormant "
PatMen: 
une revanche à prendre sur 2015

Conclusion de l'UTMB 2016
"...Je savais qu'avec cette forte chaleur dans la vallée de Courmayeur le samedi après-midi allait être assez compliqué pour moi...Tout un après-midi sous la chaleur c'était inévitable, j'allais y laisser des plumes.
Je suis surtout déçu pour les personnes qui ont cru en moi. Moije garde la joir d'avoir vécu deux années de suite la chance d'avoir pu prendre le départ de l'UTMB ...." 
Merci à tous 
pour vos messages d'encouragements
PatMen
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55km 3500m Dénivelé +
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DÉPART ORSIERES : JEUDI 25/08 À 08:15
ANDRÉ Eric - 9617 - V1 H
BALDACINI Christophe - 9994 - V2 H
DECOR Myriam - 9551 - V1 F
MANN Nicolas - 10447 - SE H
PONTIER Frédéric - 10573 - V1 H
TRAPANI Pascal - 9788 - V2 H
 
Finishers "ensemble"
Le parcours n'aura pas été de tout repos...dur dur !!!
Et après une belle échappée de notre benjamin Mannala (9h15'), suivi par notre Mymy nationale (10h16'), le groupe des 4 mousquetaires (ÉricChristopheFred et Pascal
termine les 55 bornes "ensemble' en 13h11'.... !!!!
Nous vous avons suivi sur Livetrail, et compte tenu de la météo estivale, nous imaginons aisément que la course aura été difficile ...
....Clap clap clap ...félicitations !!!







Par PatMen

Parcourir le tour du Mont Blanc, c'est découvrir un univers incomparable, celui de la haute montagne impressionnante et magique ; c'est partager le rêve éternel des pionniers, c'est traverser le jardin féerique de Gaston Rebuffat et des récits de Roger Frison-Roche et découvrir la géographie intime des sommets: l'arrondi du Mont Blanc, l'arête de Bionnassay, la Noire de Peuterey, la Dent du Géant, la paroi des Grandes-Jorasses, les pointes sud et nord de l'Aiguille du Tour, l'Aiguille Verte, la verticale des Drus.

«C'est un véritable jaillissement d'aiguilles de granit, de hauts sommets cristallins, où l'érosion d'une intensité exceptionnelle a découpé, scié, tranché, brisé, morcelé l'imposant soulèvement des vieilles roches, découvrant un paysage d'une exceptionnelle beauté.» (Roger Frison-Roche, guide-écrivain)





L'Ultra-Trail du Mont-Blanc® vous invite à vivre une aventure hors du commun en participant à l'une des 5 épreuves qui vous sont proposées !

Cet évènement est l'aboutissement d'un rêve de longue date et d'une passion pour l'Ultra-Trail®, partagés par un nombre de plus en plus grand de coureurs du monde entier et de leurs accompagnants. Sa concrétisation n'est possible que grâce à l'amitié qui lie les habitants des communes françaises, italiennes et suisses du pays du Mont-Blanc.


Le principe de course individuelle en semi autonomie est la règle. La semi-autonomie est définie comme étant la capacité à être autonome entre deux points de ravitaillements, aussi bien sur le plan alimentaire que de celui de l’équipement vestimentaire et de sécurité, permettant notamment de s’adapter aux problèmes rencontrés ou prévisibles (mauvais temps, problèmes physiques, blessure…)


Présentation

Epreuve de montagne, comportant de nombreux passages en altitude (>2500m), dans des conditions climatiques pouvant être très difficiles (nuit, vent, froid, pluie ou neige), nécessitant un très bon entraînement, un matériel adapté et une réelle capacité d’autonomie personnelle.  

28 août 2015 
Il est 18:00 et nous sommes plus de 2300 à partager le même rêve : faire le tour du Mont-Blanc en moins de deux jours. Chacun de nous s'est soigneusement préparé durant de longs mois. Malgré la démesure de l'épreuve, nous sommes sereins car nous savons que près de 2000 bénévoles participent à la même aventure, prêts à offrir avec passion leur aide et leur réconfort dans un esprit de partage et d'amitié. 

Nous allons vivre une aventure hors du temps

Au clair de lune, nous côtoierons l'Aiguille de Bionnassay et franchirons le Col du Bonhomme. Au soleil levant, nous passerons le col de la Seigne et pénétrerons en Italie dans la magie du Val Veni dominé par la Noire de Peuterey et les glaciers qui descendent du Mont Blanc. Plus tard viendra le Val Ferret, gardé par la Dent du Géant et les Grandes Jorasses avant de basculer, enfin, en Suisse et de savourer son environnement soigneusement préservé. 

Il nous faudra supporter la fatigue, surmonter nos doutes et nos angoisses. Certains parmi nous, ayant repoussé leurs limites à l'extrême, préfèreront s'interrompre tout en gardant entier l'espoir de boucler le tour complet une prochaine fois.  

Les autres, franchiront Bovine et les Tseppes. Puis, face à l'Aiguille Verte, à la verticale des Drus et à la majesté du Mont-Blanc, ils plongeront vers l'arrivée au coeur de Chamonix. 


Quoiqu'il advienne nous nous retrouverons tous dimanche après-midi pour fêter les vainqueurs, pour applaudir plus fort encore les derniers arrivants et pour partager, coureurs et bénévoles réunis, nos joies, nos souffrances et nos émotions.


Chaque concurrent reçoit avec son dossard 1 sac de 30 litres. Après l’avoir rempli avec les affaires de son choix et l’avoir fermé, il peut le déposer, en fin d’après-midi, à la base d’accueil de Chamonix, dans le gymnase de l’ENSA. Ce sac est acheminé par l’organisation à Courmayeur. En arrivant à Courmayeur, chaque coureur doit obligatoirement prendre son sac. Lorsqu’il quitte la base d’accueil, il dépose lui-même son sac à l’endroit prévu à cet effet. Le sac est alors rapatrié à Chamonix.


ORGANISATION
Les Trailers du Mont Blanc (association loi 1901 inscrite au journal officiel du 29/11/ 2003 sous le n° 1627, Club FFA n° 074060) et la Sarl Autour du Mont-Blanc co-organisent l'Ultra-Trail du Mont-Blanc® avec le concours des communes de Chamonix, Les Houches, Saint-Gervais, Les Contamines, Hauteluce, Beaufort, Bourg-Saint-Maurice, Seez, La Thuile, Pré Saint-Didier, Courmayeur, Morgex, Orsières (La Fouly, Champex-Lac), Trient et Vallorcine.
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Vendredi 28 août 2015

Photo de L'Arête du Mont Favre altitude 2417
samedi 29 août 2015 
à 11h00 .....
1h38 avant mon arrêt à Courmayeur 
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Merci à ceux qui m'ont envoyé des messages d'encouragement et de soutien. Je ne suis pas blessé. J'ai mal nul part. J'ai arrêté au bout de 18:38:37 de course et 4586m D+ car je ne pouvais plus m'alimenter en solide et cela depuis les Contamines au 30ème km. Il faisait vraiment trop chaud pour moi... 
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Francky l’avait écrit il y a un an… «L’ UTMB est un rêve pour tout coureur, c’est la plus grande course du monde»Il a raison… c’est encore plus émouvant que le marathon de New York. Se trouver parmi tous ces « traileurs » venant du monde entier à Chamonix sur la place du triangle de l’amitié au départ de cette prestigieuse course avec ce dossard rouge et blanc que tu rêves d’avoir à ton palmarès,  c’est franchement grandiose, c’est trop fort…

Il faut croire en ses rêves !!!  



Ambiance 

L’UTMB ce n’est pas une course… C’est une AVENTURE où le scénario n’est jamais écrit  à l’avance et encore moins la finalité...Pour moi cette aventure a commencé début septembre 2013 une semaine après avoir terminé la CCC. C’est un autre monde… Même si tu es entraîné, de toute manière tu es préparé sinon tu n’es pas au départ, tout peut arriver. Il faut aussi de la chance. La première victoire c’est d’être au départ… Pour cette 13ème édition il fallait  8 points en 3 courses qualificatives…      

Vendredi  28 août 2015. 
Il est bientôt  18h00.  Le ciel est d’un bleu azur et le Mont-Blanc majestueux est illuminé par le soleil. Il fait encore chaud, trop chaud à mon goût, il a fait plus de 30 degrés à Chamonix durant la journée et les prévisions météorologiques pour ce week-end ne me rassurent vraiment pas… 35 degrés pour dimanche. Dans quelques minutes c’est le départ, la musique «Conquest of paradise» a démarré. C’est émouvant, difficile de contenir ses émotions mes yeux sont embués. Mais je m’aperçois autour de moi, je ne suis pas le seul… A côté de moi sur ma gauche, une personne à qui j’adresse une immense reconnaissance: Cécile Weiss du CTA que je considère comme ma grande sœur.

Merci Cécile,
Pour avoir eu la patience de t’entraîner, et de préparer avec moi cet évènement qui était la continuité de la CCC de 2013





Je reçois un SMS à deux minutes du départ !!!  C’est Quentin mon fils qui n’est pas avec nous à Chamonix, dommage «Bonne Chance Papou»  Je lui réponds «Merci mon grand, il va m’en falloir»  Dernière accolade avec Cécile pour nous souhaiter « Bonne chance et bonne course »

Chamonix

Vendredi 28 août 2015 Place du Triangle de l’amitié il est 18h00 pile Top départ, c’est parti… Nous remontons la rue du docteur Pacard en direction des Houches la rue est bondée de gens c’est vraiment l’euphorie nous sommes littéralement transportés par les applaudissements des spectateurs et après quelques centaines de mètres sur notre droite nous saluons nos accompagnateurs et assistantes, Judith, Géraldine, Doris, Amélie et Jean-Marc qui vont nous suivre de très près sur le parcours durant la nuit.

Saint-Gervais 

Après 21km 3h00 de course avec 951m de D+ et 1h00 d’avance sur la barrière horaire, déjà les premiers abandons…  Nous saluons nos accompagnateurs, tout va bien pour le moment… Et c’est reparti en direction des Contamines.

Les Contamines Montjoie                                                                  

30ème km il est 22h50  et 4h50 de course 1486m D+ c’est un poste d’assistance ou Géraldine la belle-sœur de Cécile et Judith nous rejoignent pour un check-up… Nous avons 1h10 d’avance sur la barrière horaire. Séance massage cuisses et mollets, ça détend… Changement de tee-shirt. Belle surprise !!! Quentin est finalement venu et a pu rentrer dans la zone « Assistance » trop génial. Je n’ai rien pu avaler… mis à part du coca et de l’eau, c’est déjà mauvais signe, mais je reste serein… Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive… Nous repartons et croisons Doris, Amélie, Jean-Marc, Anastasia, Quentin au bord de la route, nous nous jetons dans leurs bras nous ne les reverrons pas avant le lendemain à Courmayeur… Direction le ravito de La Balme.


La Balme

Altitude 1703m au pied du col du bonhomme 39ème km 2036m D+ il est  1h20 et la barrière horaire est à 2h00 nous avons perdu du  temps. Je n’arrive toujours pas à avaler du solide et me sens fatigué… il est temps de repartir pour la longue montée vers le Col du Bonhomme. Cécile marque le tempo pour essayer de gagner du temps je la suis mais je sens la fatigue me gagner de plus en plus, c’est un cauchemar !!!

Col du Bonhomme 

Passage au Col du Bonhomme 42ème km altitude 2325m 2658m D+ il est 2h43 nous sommes en tee-shirt et manchettes il ne fait pas froid du tout. Le temps de prendre une photo et hop nous continuons vers le refuge de la Croix du Bonhomme 44ème km altitude 2439m 2823m D+ et basculons vers Les Chapieux descente avec -885m j’ai du mal à maintenir un bon rythme, je n’ai pas de jambes, c’est terrible…

Les Chapieux

Il est 4h40 ravito Les Chapieux et là… contrôle du sac la barrière est à 5h15 c’est chaud !!!  Il y a des quartiers d’orange c’est la seule chose qui passe…  Dans ma tête se dessine le scénario que je craignais depuis La Balme. C’est une éventualité qu’il faut envisager et accepter je n’ai pas de jambes et je manque cruellement de fraicheur et suis fatigué. Je croise le regard de Cécile, elle a compris le message, de toute manière c’était clair entre nous,  je ne suis pas dans la mesure de progresser pour gagner du temps et elle est en forme. Toujours pas de marge pour dormir un peu. Il y a 10km de montée avec +948m pour atteindre le Col de la Seigne.  Je monte au radar comme un zombi, je dors presque debout mais je ne décroche pas… Durant toute la montée plusieurs coureurs dorment au bord du sentier abrités derrière des rochers car le vent souffle un peu.

Col de la Seigne 

Arrivée au Col de la Seigne 60ème km altitude 2502m à 7h15 3781m D+ le soleil se lève, c’est super beau. Je vais un peu mieux, c’est sous l’effet du levé du jour, j’ai un peu d’espoir de retrouver un peu la forme.  Petite descente vers un refuge et ravito puis la variante de cette année la montée par un méga pierrier au Col des Pyramides Calcaires je n’ai toujours pas décroché c’est surprenant l’énergie que l’on peut trouver au fond de soit… Puis descente dans le long pierrier vers le lac Combal Cécile dévale le pierrier je n’arrive pas à la suivre.  Je sais… C’est cuit pour moi…



Col de La Seigne


Col des Pyramides Calcaires

                                                                                                      
Lac Combal 

J’arrive au lac Combal 66ème km à 9h19 la barrière est à 9h30  Les organisateurs nous rappellent  « Barrière horaire dans  11 minutes » et qu’il est temps de repartir. Je repars à 9h30 et reçois un SMS de Judith qui me dit « Prochain passage à Courmayeur 13h07 » la barrière est à 13h00 J’alterne marche et course avant la montée de l’Arête du Mont Favre.

Arête du Mont-Favre
                                                                            
Il est 11h00 altitude 2417m 70ème km 4509m D+. Je fais quelques photos après être passé au contrôle chrono et je reçois un deuxième SMS de Judith « Prévision passage à Courmayeur à 12h27 » Il y a 9km de descente je vais y aller… je sais que les 5 premiers kilomètres sont vallonnées jusqu’au Col Checrouit - Maison Vieille et ensuite il y a 4km de descente raide.  J’essaye de relancer pour gagner du temps dans l’idée de dormir ½ heure à Courmayeur mais très vite je m’aperçois que j’ai du mal à progresser plus rapidement,  je double tout de même pas mal de coureurs, je suis confiant, c’est jouable… il me faut ½ heure d’avance pour dormir à Courmayeur. Bon j’entame les 4km de  descente raide, ce n’est pas ce que je préfère… et là je rentre dans une zone dégagée, le soleil cogne je suis en plein cagnard, c’est la fournaise, je cuits, je suis cuit… je m’asperge d’eau régulièrement, Il fait trop chaud et je perds du temps je n’arrive pas à relancer, c’est terrible…                                                                                                                        
La prévision météo s’avère  juste pour ce weekend plus de 30 degrés. Je regarde ma montre il est 12h30 et je ne suis pas encore au ravito de Courmayeur je n’aurais pas la ½ heure d’avance pour dormir.  A ce moment beaucoup de choses se passent dans ma tête, mais il faut que je reste lucide et je dois rapidement prendre une décision… Je suis fatigué, il fait trop chaud, je n’ai plus envie de me battre contre le chrono… je sais ce qu’il reste à faire sous cette chaleur… Je connais le parcours, je l’ai fait en rando/course il y a un mois. Je décide d’arrêter à Courmayeur.


Arête du Mont Favre samedi 29 août 2015 11h00 
1h38 avant que j’arrête à Courmayeur


Courmayeur  
                                                                                   
A l’entrée de Courmayeur Amélie et Jean-Marc m’attendent, je leurs dis : 

« J’ARRETE» 
                                                                                                
Ils ne comprennent pas car je cours et pique un sprint pour arriver au plus vite au ravito. Plus loin je passe devant Doris je lui dis 

« Jarrête , il fait trop chaud !!! »                                                                 

Je passe la bande de chronométrage il est 12h38 la barrière horaire est à 13h00 je ne pourrai pas me reposer…J’arrête après 18 :38 :37 de course et 4586m D+                                                                                                                      Judith m’attends dans la zone  Assistance elle sait, elle a compris    
Nous rejoignons Géraldine et Cécile qui est prête à repartir et  je leur annonce :

« Je ne suis pas blessé, j’ai mal nul part, je suis en dette de sommeil et je n’ai presque rien pu avaler de solide depuis Les Contamines au 30ème km et il fait vraiment trop chaud » « Je ne veux pas me retrouver dans une situation lamentable »

« J’ARRETE»

Personne ne sait ce qu’il est capable de faire, tant qu’il n’a pas essayé…Ce qui ne tue pas, renforce…


Cette épreuve hors du commun se prépare bien sûr physiquement. C'est une condition nécessaire mais non suffisante car bien d'autres paramètres peuvent compliquer le déroulement de la course.

La gestion du sommeil peut pénaliser autant qu'un manque d'entraînement, et tout comme la mauvaise gestion des temps de pause, de l'alimentation ou de la boisson ou du mental. 

En tout état de cause, cette course nécessite de l’expérience, que l'échec renvoie avec force. J'ai complété la liste des facteurs clefs de la réussite. Se confronter à l'abandon c'est se donner les moyens de réussir un jour. Et qu'on se le dise, j'y serai...

Merci à ceux qui m’ont envoyé des messages d’encouragement et de soutien. Merci à nos accompagnants et à notre assistance: 
Judith, Géraldine, Doris, Amélie, Anastasia, Jean-Marc, Quentin     

Merci Cécile pour la préparation de cette AVENTURE 

Cécile Weiss 
dossard 1428 
Finisher en 46 :03 :04 
1570ème 
61ème V1F



A défaut d’avoir fini l’UTMB, 
voici une autre manière de croquer le Mont-Blanc !!!


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Patrick,

Je voulais te dire lorsque tu as abandonné à Courmayeur, l'autre partie m'a paru extrêmement éprouvante et sélective. J'en ai vraiment bavé pour gérer ces barrières et cette pression du timing. Il faut absolument éviter cela à tout prix car c'est trop de souffrance. Mettre 3h entre Bertone et Arnuva, tu vois bien que c'est court en pleine chaleur après une nuit blanche et la montée au refuge dans la canicule. Pas moyen de se reposer à Bonatti.

C'était l'enfer et j'ai couru sans me poser de question, avec la force du désespoir. Se sentir dans les derniers a quelque chose de déprimant. L'arrivée de la 2ème nuit a été fatale dans mon rythme de course. J'ai pris sur moi tu ne te doute pas. Alors je te le dis, si tu la refais, reste maître des événements plutôt que de les subir comme je l'ai fait. C'est l'un des grands enseignements. Cette course est difficile et relevée par les délais.

Tu ne peux t'accorder de pause aux ravitos, ce n'est pas fait pour ça, sauf pour dormir 20 mn. As-tu remarqué je suis restée concentrée, je n’ai pas utilisé mon téléphone, pas fais une seule photo.

Mon obsession: le temps et une démarche très sécurisée pour éviter les foulures. Reste optimisme ou teigne, ça fait partie des chances de réussite des grandes épreuves.
Pour ma part, j'ai l'expérience des courses en montagne pour lesquelles j'ai dû renoncer à cause des risques. Hé bien là, c'est un peu pareil, il faut savoir dire non et l'accepter. La montagne sera toujours là ...

Tu penses peut être que je ne te comprends pas et que je ne sais pas ce que cela représente d'échouer à cette épreuve de vie. Détrompes toi. Mais moi, ce qui me tiendrait c'est de me laisser une 2ème chance et d'être extrêmement sévère avec moi-même pour réussir un sans-faute. 

Bien amicalement, 

Cécile WEISS



Malgré le dénouement de mon UTMB 
je garde un merveilleux souvenir de cette fête. 
Ma motivation reste intacte, j’ai même pris de la hauteur…
Je me repose un peu…


PatMen








Vendredi 29 août 2014

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UTMB      TDS 
168km et 9600D+    119km et 7250D+  

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L’UTMB est un rêve pour tout coureur, 
c’est la plus grande course du monde
Beaucoup de monde m’a laissé des messages de soutien, je ne peux tous les rappeler  pour les remercier  et ressasser à chaque fois le même discours. Je te laisse le soin de poster sur le blog mes commentaires sur l’UTMB , bien qu’il me soit difficile à l’heure actuelle d’en parler  vu le dénouement pour moi.
L’UTMB est un rêve pour tout coureur, c’est la plus grande course du monde, celle que tu rêves d’accrocher à ton « palmarès » de petit coureur amateur et dire : « ça y est !  Je peux dormir tranquille ! »  . J’ai entendu beaucoup de conneries à son sujet de par des  coureurs qui eux-mêmes ne l’avaient jamais couru : « c’est une course facile, une autoroute, ce n’est pas technique… », un seul m’avait annoncé la couleur…Laurent. « Tu verras c’est un autre monde, même si t’es entraîné, il peut t’arriver plein de choses, il faut de la chance, les meilleurs craquent ! »

Vendredi 29.08.14 17H25 : on est entassé avec Pascal, Christian, Laurent  ‘’place triangle de l’amitié à Chamonix’’, serrés comme des sardines depuis 1h45 du matin…. Le départ va être donné sous la pluie. « Conquest of paradise » est lancé, les coureurs se regardent furtivement, la tension est palpable, comme l’émotion et les yeux embuées de certains coureurs. 74 nations sont représentées. Je demande à mon voisin si c’était son 1er UTMB. Il me répond : « c’est le 4ème, 2 abandons et 2 finish, mais j’ai toujours aussi peur avant le départ ! ».
Christian m’avait prévenu: 
"Attention, ça va pousser "
.Il reste 1 minute. Avec Pascal on prend le risque de chercher dans notre sac à dos (5.8kg !) la veste gore-tex, on est déjà trempé. Mais ça le fait ! TOP c’est parti !
Christian m’avait prévenu «  Attention, ça va pousser ! Ils partent comme un « 10km » ! C’est l’effet UTMB ! On arrive à saluer nos familles, Lolo, Thérèse, Janique et les enfants sont au premier croisement, Jean Marc également, cassé malgré tout après sa superbe performance à la TDS….Putain c’est fort, quel pied, jamais connu ça ,même pas à NY.

Pendant 8 km on court, gagné par l’euphorie et les applaudissements qui n’en finissent pas…un autre monde, une autre planète, quel respect de la part  des spectateurs. On arrive « aux Houches » , première montée qui calme, tout le monde alterne marche et  course , en fonction du pourcentage de la pente, le rythme est déjà élevé car les premières barrières horaires sont serrées. On arrive au col du Délevret puis on amorce la descente dans les prés boueux et glissants jusqu’à St GERVAIS , il y a déjà des chutes et des abandons, incroyables ! Pourtant ils ont tous les 7 points qualificatifs ! On court prudemment dans les descentes (moi c’est par défaut !). Il fait déjà nuit, on prend le risque de courir sans les frontales jusqu’à St Gervais, guidés par celles des autres coureurs (stratégie d’économie !).

Premier RAVITO, on est trempé, pas de tentes pour s’abriter, on va sous la tonnelle d’un restaurant, on se change complètement avec Pascai. On perd énormément de temps, on  n’a plus que 15 mn sur les barrières horaires. Je décide de rattraper le temps perdu en prenant le risque de courir les montées jusqu’à « Notre Dame de la Gorge » km 31. Pascal doit vomir (problèmes digestifs) et me dit d’y aller.
Le plus dur a été pour moi de courir dans la nuit
 sans pouvoir communiquer avec quiconque.
La grimpée jusqu’à la « Croix du Bonhomme » est interminable sous la pluie, suivi « du col de seigne » ou l’on bascule en Italie sous le lever du soleil radieux et d’un Mont Blanc au sommet de sa beauté.  Les barrières horaires sont plus espacées. J’ai gagné 1h30 mais il m’en faudra d’avantage en cas de défaillance. Le plus dur a été pour moi de courir dans la nuit sans pouvoir communiquer avec quiconque. Tous étrangers ! Je me suis coltiné 2 Italiens pendants 4 h, impossible à semer en monté et encore moins en descente, ils avaient le même rythme et n’arrêtaient jamais de parler, j’ai pris un doliprane ! Ouf ! Au ravito du lac Combal (km 64) je prends moins de temps qu’eux pour déjeuner.   
Je prends le temps de m’étirer et fait une check list rapide, les sensations sont bonnes, vivement Courmayeur, ou les familles nous attendent ! Je n’ai aucune nouvelle des autres, j’ai coupé mon téléphone malgré le règlement, préférant rester concentré sur ma course.

La vue est splendide jusqu’à l’Arête du Mont Favre, la longue descente jusqu’à Courmayeur va faire mal aux « quadris ». Il faut gérer, petits pas rapides dans les rochers et relancer sur les parties moins techniques.
Je ne regarde surtout pas mes ampoules et ongles, 
déjà explosés par cette première partie.
.Courmayeur enfin ! Après une descente aux escaliers interminables, une longue route me permet d’allonger ma foulée jusqu’aux encouragements bienvenus des enfants, lolo, janique, thérèse.  J’apprends à ce moment-là, l’arrêt de Pascal et Christian pour entorse. Je prends le temps de changer mes chaussures et chaussettes trempées, je ne regarde surtout pas mes ampoules et ongles, déjà explosés par cette première partie. Je profite également des kinés pour remettre mon dos en place. Beaucoup de participants dorment dans un espace réservé pour eux. Je n’ose y songer, par peur de ne plus me réveiller et de retrouver des jambes de béton armées.

J’embrasse ma famille, et je repars confiant après 78km pour cette 2ème partie. Il ne me reste que la CCC à faire (je l’avais fait en 2012 avec la 7ème compagnie : 88 km et 4500m, elle avait été écourtée par les mauvaises conditions météos.) Je repars avec plus de 3 h d’avance sur les barrières horaires et avec peut-être trop d’enthousiasme remonte tous les coureurs devant moi jusqu’au refuge de Bertone (700m/h), une bonne partie me rattrapent cependant dans la descente sur Arnuva, ce qui m’enrage (km 95). Plutôt que me reposer de ce dénivelé négatif, j’enchaîne par la longue grimpette du « col ferret » 2700m.Pour une fois je ne dépasse plus personne dans la montée et j’accuse un coup de moins bien au 100éme, je prends froid. Sauvé enfin au sommet du col ferret. Vite je le passe rapidement, les rafales de vent sont omniprésentes ! Les 17 km de descente jusqu’à la Praz de fort me marquent les cuisses et me rappellent que me dos ne me laissera aucun répit, mais c’est l’UTMB, l’envie est plus forte que tout ! Je rencontre un Alsacien qui est couché, les tendons sont trop douloureux, il arrête, 700 ont déjà abandonné à ce stade. Je rencontre Sébastien, un jeune de Chambéry que j’avais croisé à Courmayeur, on reste ensemble, pu….….ça fait du bien de communiquer, on amorce la montée vers « Champex », la nuit tombe vers 20h, je suis bien, heureux d’être là, dans la dernière pente j’entends crier, Lolo et Dana ma fille qui m’attendent…wouahhhhh.

Ils m’aident à me changer, me ravitailler, pâtes, compote, saucisson, bières…..non je plaisante…potage. Lolo me dit « profites en pour dormir un peu… comme d’autres » , avec Sébastien mon compagnon de route on plaisante « Nous on a pas envie d’avoir les hallucinations ! ».On a une barrière horaire confortable, j’anticipe de trop et oublie qu’une course se termine la ligne franchie !

« Laurence, prépares la bouteille de schnaps que mes collègues m’ont offerte, je franchirai la ligne d’arrivée avec ! »On est au 122 éme, on est 850 éme et on sera sous les 40h.

Le pas a nettement changé entre-temps, nous « courrotons », un bobo est apparu   au niveau de mon genoux, je l’ai entièrement strappé. Nous sommes quasi seuls dans la montée vers la bovine, toujours aussi raide et caillouteuse, on descend rapidement à Trient pour nous ravitailler dans la tente. « Le DJ voit mon prénom et lance le fameux tube « vas-y- francky c’est bon » je souri. On se dépêche avec Seb, on prend vite froid, on remonte tout le monde dans la montée vers Catogne, mais lentement et sournoisement mon cerveau me donne des signaux d’alerte. (Les bribes de souvenirs reviendront m’ont dit les médecins). A Catogne, je remets en cause le tracé en confirmant aux pointeurs que Catogne se trouvait plus haut. Dans la descente vers Vallorcine, je titube et avance lentement, je demande à  Sébastien qui il était et qu’est-ce- qu’on faisait ! Il prend conscience je crois de mon état (il a déjà fait l’UTMB). Je m’arrête et crois voir une cascade de 100m et stoppe les coureurs pour qu’ils l’observent ! (Laurent me dira plus tard qu’elle n’existait pas).On est à 2 km de Vallorcine et je refuse d’avancer prétextant que j’étais dans un rêve et que j’étais déjà finisher de l’UTMB. Il reste en réalité 18 km et  on a 8h d’avance sur les barrières horaires. Sébastien continue et va prévenir les secours de mes hallucinations. Je perds l’équilibre plusieurs fois dans la descente et tombe sans me blesser fort heureusement. 
Je n’ai plus conscience de la réalité, 
et me crois dans un rêve,

Je n’ai plus conscience de la réalité, et me crois dans un rêve, tout me paraît faux, j’hésite à sauter dans la cascade qui n’existe pas ! 2 coureurs, un japonais et un brésilien me prennent en charge, m’habillent  et m’aident à descendre lentement jusqu’à Vallorcine. Nous croisons les secours qui m’allongent me couvrent et prennent ma tension… « 8 » . Ils appellent le poste. Je mange et reprends peu à peu conscience. Soudain l’un deux m’arrachent le dossard, et me dit que je ne repartirai plus…Je refuse, il me dit « bon on verra ce que médecin en dira ! Appelez votre femme» J’appelle Laurence, qui attendait mon arrivée à Vallorcine depuis 2h ! Je lui passe les secouristes qui s’écartent de moi pour communiquer avec elle. Les secouristes me font monter dans la voiture jusqu’au poste de secours ou je m’endors une heure. A mon réveil  le médecin reprend ma tension 13.5, je veux repartir, il reste 18km et 6h, je peux le faire ! Il me fait un test et m’y autorise, Laurence m’annonce et lui annonce que les organisateurs m’avaient arrêté  depuis longtemps ! C’est un cauchemar, Patrick Mentzer est venu exprès à Vallorcine et apprend avant moi que les organisateurs m’ont arrêté, il n’ose venir me le dire et me saluer, je le remercie et le comprends, j’aurai fait pareil ». J’essaye de relativiser, et je me dis que mon arrêt devait être justifié du fait de mes hallucinations. Un autre participant a connu le même dénouement. 

Le médecin a diagnostiqué une perte importante de sodium par l’absorption d’une quantité d’eau trop importante, et par le manque de sommeil.  Voilà, je souhaite aux futurs participants de l’UTMB plus de réussite, je ne suis pas finisher j’aurai juste parcouru 150.20 km et 8870 m de dénivelé. Merci à ceux qui m’ont soutenu, mes amis proches de toujours. Merci  à Laurent qui est un second frangin, qui m’a fait confiance et fait progresser, je me suis entraîné comme jamais,  merci à mes enfants et Laurence qui ont sacrifié beaucoup de temps pour mon confort perso.

......si je le referai ? 
Pour l’instant je suis encore dans un cauchemar……

Franky 
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