Vendredi 29 août 2014
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UTMB TDS
168km et 9600m D+ 119km et 7250m D+
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L’UTMB est un rêve pour tout coureur,
c’est la plus grande course du monde
Beaucoup de monde m’a laissé des messages de soutien, je ne peux tous les rappeler pour les remercier et ressasser à chaque fois le même discours. Je te laisse le soin de poster sur le blog mes commentaires sur l’UTMB , bien qu’il me soit difficile à l’heure actuelle d’en parler vu le dénouement pour moi.
L’UTMB est un rêve pour tout coureur, c’est la plus grande course du monde, celle que tu rêves d’accrocher à ton « palmarès » de petit coureur amateur et dire : « ça y est ! Je peux dormir tranquille ! » . J’ai entendu beaucoup de conneries à son sujet de par des coureurs qui eux-mêmes ne l’avaient jamais couru : « c’est une course facile, une autoroute, ce n’est pas technique… », un seul m’avait annoncé la couleur…Laurent. « Tu verras c’est un autre monde, même si t’es entraîné, il peut t’arriver plein de choses, il faut de la chance, les meilleurs craquent ! »
Vendredi 29.08.14 17H25 : on est entassé avec Pascal,
Christian, Laurent ‘’place triangle de
l’amitié à Chamonix’’, serrés comme des sardines depuis 1h45 du matin…. Le
départ va être donné sous la pluie. « Conquest of paradise » est
lancé, les coureurs se regardent furtivement, la tension est palpable, comme
l’émotion et les yeux embuées de certains coureurs. 74 nations sont représentées.
Je demande à mon voisin si c’était son 1er UTMB. Il me
répond : « c’est le 4ème, 2 abandons et 2 finish,
mais j’ai toujours aussi peur avant le départ ! ».
Christian m’avait prévenu:
"Attention, ça va pousser "
.Il reste 1 minute. Avec Pascal on prend le risque de
chercher dans notre sac à dos (5.8kg !) la veste gore-tex, on est déjà
trempé. Mais ça le fait ! TOP c’est parti !
Christian m’avait prévenu « Attention, ça va
pousser ! Ils partent comme un « 10km » ! C’est l’effet
UTMB ! On arrive à saluer nos familles, Lolo, Thérèse, Janique et les
enfants sont au premier croisement, Jean Marc également, cassé malgré tout
après sa superbe performance à la TDS….Putain c’est fort, quel pied, jamais
connu ça ,même pas à NY.
Pendant 8 km on court, gagné par l’euphorie et les
applaudissements qui n’en finissent pas…un autre monde, une autre planète, quel
respect de la part des spectateurs. On
arrive « aux Houches » , première montée qui calme, tout le
monde alterne marche et course , en
fonction du pourcentage de la pente, le rythme est déjà élevé car les premières
barrières horaires sont serrées. On arrive au col du Délevret puis on amorce la
descente dans les prés boueux et glissants jusqu’à St GERVAIS , il y a
déjà des chutes et des abandons, incroyables ! Pourtant ils ont tous les 7
points qualificatifs ! On court prudemment dans les descentes (moi c’est
par défaut !). Il fait déjà nuit, on prend le risque de courir sans les
frontales jusqu’à St Gervais, guidés par celles des autres coureurs (stratégie
d’économie !).
Premier RAVITO, on est trempé, pas de tentes pour s’abriter,
on va sous la tonnelle d’un restaurant, on se change complètement avec Pascai.
On perd énormément de temps, on n’a plus
que 15 mn sur les barrières horaires. Je décide de rattraper le temps perdu en
prenant le risque de courir les montées jusqu’à « Notre Dame de la
Gorge » km 31. Pascal doit vomir (problèmes digestifs) et me dit d’y
aller.
Le plus dur a été pour moi de courir dans la nuit
sans pouvoir communiquer avec quiconque.
sans pouvoir communiquer avec quiconque.
La grimpée jusqu’à la « Croix du Bonhomme » est
interminable sous la pluie, suivi « du col de seigne » ou l’on
bascule en Italie sous le lever du soleil radieux et d’un Mont Blanc au sommet
de sa beauté. Les barrières horaires
sont plus espacées. J’ai gagné 1h30 mais il m’en faudra d’avantage en cas de
défaillance. Le plus dur a été pour moi de courir dans la nuit sans pouvoir
communiquer avec quiconque. Tous étrangers ! Je me suis coltiné 2 Italiens
pendants 4 h, impossible à semer en monté et encore moins en descente, ils
avaient le même rythme et n’arrêtaient jamais de parler, j’ai pris un doliprane !
Ouf ! Au ravito du lac Combal (km 64) je prends moins de temps qu’eux pour
déjeuner.
Je prends le temps de m’étirer et fait une check list
rapide, les sensations sont bonnes, vivement Courmayeur, ou les familles nous
attendent ! Je n’ai aucune nouvelle des autres, j’ai coupé mon téléphone
malgré le règlement, préférant rester concentré sur ma course.
La vue est splendide jusqu’à l’Arête du Mont Favre, la
longue descente jusqu’à Courmayeur va faire mal aux « quadris ». Il
faut gérer, petits pas rapides dans les rochers et relancer sur les parties moins
techniques.
Je ne regarde surtout pas mes ampoules et ongles,
déjà explosés par cette première partie.
.Courmayeur enfin ! Après une descente aux escaliers
interminables, une longue route me permet d’allonger ma foulée jusqu’aux
encouragements bienvenus des enfants, lolo, janique, thérèse. J’apprends à ce moment-là, l’arrêt de Pascal
et Christian pour entorse. Je prends le temps de changer mes chaussures et
chaussettes trempées, je ne regarde surtout pas mes ampoules et ongles, déjà
explosés par cette première partie. Je profite également des kinés pour
remettre mon dos en place. Beaucoup de participants dorment dans un espace réservé
pour eux. Je n’ose y songer, par peur de ne plus me réveiller et de retrouver
des jambes de béton armées.
J’embrasse ma famille, et je repars confiant après 78km pour
cette 2ème partie. Il ne me reste que la CCC à faire (je l’avais fait en 2012
avec la 7ème compagnie : 88 km et 4500m, elle avait été écourtée
par les mauvaises conditions météos.) Je repars avec plus de 3 h d’avance sur
les barrières horaires et avec peut-être trop d’enthousiasme remonte tous les
coureurs devant moi jusqu’au refuge de Bertone (700m/h), une bonne partie me
rattrapent cependant dans la descente sur Arnuva, ce qui m’enrage (km 95).
Plutôt que me reposer de ce dénivelé négatif, j’enchaîne par la longue
grimpette du « col ferret » 2700m.Pour une fois je ne dépasse plus
personne dans la montée et j’accuse un coup de moins bien au 100éme, je prends
froid. Sauvé enfin au sommet du col ferret. Vite je le passe rapidement, les
rafales de vent sont omniprésentes ! Les 17 km de descente jusqu’à la Praz
de fort me marquent les cuisses et me rappellent que me dos ne me laissera
aucun répit, mais c’est l’UTMB, l’envie est plus forte que tout ! Je
rencontre un Alsacien qui est couché, les tendons sont trop douloureux, il
arrête, 700 ont déjà abandonné à ce stade. Je rencontre Sébastien, un jeune de
Chambéry que j’avais croisé à Courmayeur, on reste ensemble, pu….….ça fait du
bien de communiquer, on amorce la montée vers « Champex », la nuit
tombe vers 20h, je suis bien, heureux d’être là, dans la dernière pente
j’entends crier, Lolo et Dana ma fille qui m’attendent…wouahhhhh.
Ils m’aident à me changer, me ravitailler, pâtes, compote, saucisson,
bières…..non je plaisante…potage. Lolo me dit « profites en pour dormir un
peu… comme d’autres » , avec Sébastien mon compagnon de route on
plaisante « Nous on a pas envie d’avoir les
hallucinations ! ».On a une barrière horaire confortable, j’anticipe
de trop et oublie qu’une course se termine la ligne franchie !
« Laurence, prépares la bouteille de schnaps que mes
collègues m’ont offerte, je franchirai la ligne d’arrivée avec ! »On
est au 122 éme, on est 850 éme et on sera sous les 40h.
Le pas a nettement changé entre-temps, nous
« courrotons », un bobo est apparu
au niveau de mon genoux, je l’ai entièrement strappé. Nous sommes quasi
seuls dans la montée vers la bovine, toujours aussi raide et caillouteuse, on
descend rapidement à Trient pour nous ravitailler dans la tente. « Le DJ
voit mon prénom et lance le fameux tube « vas-y- francky c’est bon »
je souri. On se dépêche avec Seb, on prend vite froid, on remonte tout le monde
dans la montée vers Catogne, mais lentement et sournoisement mon cerveau me
donne des signaux d’alerte. (Les bribes de souvenirs reviendront m’ont dit les
médecins). A Catogne, je remets en cause le tracé en confirmant aux pointeurs
que Catogne se trouvait plus haut. Dans la descente vers Vallorcine, je titube
et avance lentement, je demande à
Sébastien qui il était et qu’est-ce- qu’on faisait ! Il prend
conscience je crois de mon état (il a déjà fait l’UTMB). Je m’arrête et crois
voir une cascade de 100m et stoppe les coureurs pour qu’ils l’observent !
(Laurent me dira plus tard qu’elle n’existait pas).On est à 2 km de Vallorcine
et je refuse d’avancer prétextant que j’étais dans un rêve et que j’étais déjà
finisher de l’UTMB. Il reste en réalité 18 km et on a 8h d’avance sur les barrières horaires. Sébastien
continue et va prévenir les secours de mes hallucinations. Je perds l’équilibre
plusieurs fois dans la descente et tombe sans me blesser fort heureusement.
Je n’ai plus conscience de la réalité,
et me crois dans un rêve,
et me crois dans un rêve,
Je n’ai plus conscience de
la réalité, et me crois dans un rêve, tout me paraît faux, j’hésite à sauter
dans la cascade qui n’existe pas ! 2 coureurs, un japonais et un brésilien
me prennent en charge, m’habillent et m’aident à descendre lentement
jusqu’à Vallorcine. Nous croisons les secours qui m’allongent me couvrent et
prennent ma tension… « 8 » . Ils appellent le poste. Je mange et
reprends peu à peu conscience. Soudain l’un deux m’arrachent le dossard, et me
dit que je ne repartirai plus…Je refuse, il me dit « bon on verra ce que
médecin en dira ! Appelez votre femme» J’appelle Laurence, qui
attendait mon arrivée à Vallorcine depuis 2h ! Je lui passe les
secouristes qui s’écartent de moi pour communiquer avec elle. Les secouristes
me font monter dans la voiture jusqu’au poste de secours ou je m’endors une
heure. A mon réveil le médecin reprend ma tension 13.5, je veux
repartir, il reste 18km et 6h, je peux le faire ! Il me fait un test et
m’y autorise, Laurence m’annonce et lui annonce que les organisateurs m’avaient
arrêté depuis longtemps ! C’est un cauchemar, Patrick Mentzer
est venu exprès à Vallorcine et apprend avant moi que les organisateurs m’ont
arrêté, il n’ose venir me le dire et me saluer, je le remercie et le comprends,
j’aurai fait pareil ». J’essaye de relativiser, et je me dis que mon arrêt devait
être justifié du fait de mes hallucinations. Un autre participant a connu le
même dénouement.
Le médecin a diagnostiqué une perte importante de sodium par l’absorption d’une quantité d’eau trop importante, et par le manque de sommeil. Voilà, je souhaite aux futurs participants de l’UTMB plus de réussite, je ne suis pas finisher j’aurai juste parcouru 150.20 km et 8870 m de dénivelé. Merci à ceux qui m’ont soutenu, mes amis proches de toujours. Merci à Laurent qui est un second frangin, qui m’a fait confiance et fait progresser, je me suis entraîné comme jamais, merci à mes enfants et Laurence qui ont sacrifié beaucoup de temps pour mon confort perso.
......si je le referai ?
Pour l’instant je suis encore dans
un cauchemar……
Franky